Quand consulter un psychologue
Pour soi
Dans le champ de la santé, l’appellation « psy » recouvre en fait deux, voire trois professions : psychiatre, psychologue, psychothérapeute. Les psychiatres sont des médecins et dont les actes sont remboursés par l’assurance maladie. La plupart d’entre eux (et c’est particulièrement vrai de la nouvelle génération) voient les désordres psychiques sur un versant biologique, comme les autres maladies du corps et peuvent proposer des traitements médicamenteux. Les psychologues cliniciens, eux, ont une formation universitaire en sciences humaines et approchent les difficultés psychologiques sur un versant plus psychosocial. Certains psychiatres et certains psychologues ont une formation complémentaire issue soit du courant psychanalytique (psychothérapeutes-psychanalystes, psychodramatistes, etc.), du courant systémique (thérapeutes familiaux essentiellement), soit du courant cognitivo-comportemental (thérapeute en TCC, ACT, etc.), soit encore du courant rogérien (de la psychologie humaniste), etc. En France, tout psychothérapeute doit être enregistré sur une liste départementale auprès de l’Agence Régionale de Santé et posséder un n° appelé ADELI.
Rencontrer un « psy » ne va pas de soi pour beaucoup de personnes. C’est une démarche difficile, d’autant qu’on ne sait pas bien ce qu’on peut attendre d’une telle rencontre, qu’on a des attentes sans savoir si l’interlocuteur saura y répondre ou même les entendre.
Aller consulter un psy ne saurait se faire dans la précipitation (sauf en cas de situation traumatique). La modernité nous habitue à recevoir des réponses quasi instantanées à nos demandes, à trouver des remèdes palliatifs aux moindres de nos maux. C’est pourquoi il n’est pas toujours facile d’accepter qu’en matière de psychologie, l’urgence et la vitesse sont très souvent l’ennemi du bien.
A l’inverse, on peut remettre constamment à plus tard le moment d’aller consulter alors qu’on « sait » bien au fond de soi que « quelque chose cloche » dans sa propre existence. Ce qui cloche peut prendre la forme de symptômes visibles, sensibles et plus ou moins aigus (angoisse, troubles du sommeil, phobies, humeur dépressive, accès boulimiques, etc.). Mais ce peut aussi prendre une forme moins visible, noyée dans l’écume du quotidien. C’est la répétition, la récurrence de scènes se reproduisant à peu près à l’identique qui alertent : on butte sur les mêmes problèmes relationnels, les mêmes conflits, les mêmes difficultés à dépasser les obstacles, etc., quels que soient les contextes.
On sent qu’on aurait besoin d’être aidé, mais on est en même temps ambivalent : on ne sait pas bien si c’est grave, si c’est important, si c’est compréhensible. On peut aussi convoquer des tas de raisons pour différer ce que l’on « sait » pourtant nécessaire : on pense que le malaise va s’arranger avec le temps, on passe par des phases où cela va un peu mieux, on donne priorité à autre chose, etc. Penser de façon plus ou moins construite que l’on devrait aller consulter et en différer à plusieurs reprises la mise en œuvre est un bon indicateur : il est temps de se lancer.
Autant que tous les symptômes facilement identifiables qui entrainent une souffrance psychique (pour soi et/ou pour autrui), le fait d’identifier même confusément une forme de répétition dans sa propre existence et le fait d’en être foncièrement affecté constituent des éléments fiables pour justifier une démarche de consultation.
Pour son enfant
Comme chez les adultes, les enfants ou les adolescents peuvent présenter :
des symptômes visibles et plus ou moins bruyants et qui doivent servir aux parents d’alerte lorsque ces symptômes s’installent dans la durée : énurésie secondaire, cauchemars, troubles du sommeil, phobies, troubles alimentaires, débordements pulsionnels, angoisses, etc.),
mais aussi des formes de souffrance moins visibles et qui peuvent se traduire par des éprouvés internes très virulents (de type : honte, culpabilité, angoisse, envie destructrice, jalousie mortifère, etc.) ou des pensées enchâssées dans des scénarii à thème de destruction, d’abandon, de réalisation grandiose à visée narcissique, etc.
Il faut savoir que les enfants comme les adolescents peuvent avoir du mal à évaluer s’ils sont en souffrance psychique. Ils peuvent donc avoir du mal à demander spontanément de l’aide. Ils peuvent souffrir en silence, sans savoir que l’état dans lequel ils vivent psychologiquement n’est pas « normal ».
Pour les parents, les formes asymptomatiques de la souffrance psychologique des enfants et des adolescents peuvent être cependant repérées par des signes récurrents de type : pleurs intempestifs et immotivés, réactions disproportionnées à des évènements domestiques banaux, humeur dépressive, tristesse ou abattement succédant sans raison apparente à un moment plaisant, baisse de l’investissement scolaire, fatigue inexpliquée, désinvestissements social, isolement prolongé, évocation répétée de pensées autour de la question de la mort, de l’au-delà, etc.
Il est important d’avoir en tête quelques repères qui peuvent aider à la décision d’aller consulter.
D’abord : plus on tarde à consulter, et plus les interventions psychothérapiques risquent d’être longues et difficiles.
Ensuite : la plupart des difficultés psychologiques ne disparaissent pas avec le temps. Certaines cependant peuvent se « résoudre » spontanément. Cela existe, bien sûr. Mais souvent, lorsqu’elles se mettent en mode silencieux c’est pour réapparaitre plus tard avec un niveau de complexité augmenté.
Enfin : il vaut mieux aller consulter pour s’entendre dire que les difficultés sont légères, que ce qui a conduit à s’inquiéter va s’estomper tranquillement, que c’est une manifestation normale dans un développement normal, plutôt que de tarder à intervenir.
Le psychologue clinicien, ou l’équipe médico-psychologique – c’est leur travail – sauront identifier ce qui dans le développement ou le fonctionnement psychologique d’un enfant nécessite la mise en œuvre d’une prise en charge spécifique.
Au regard des propositions thérapeutiques qui peuvent être faites et discutées, le parent reste le décideur ultime.
Spécificités de la consultation pour les adolescents
Rares sont les enfants qui refusent de venir aux premières consultations (celles qui permettent de faire un diagnostic) et rares sont les enfants qui refusent ou s’opposent (même de façon plus ou moins larvée) l’aide psychologique qu’on leur offre.
Il en va bien autrement avec les adolescents qui peuvent vivre sur un mode persécutif et excessivement déstabilisant toute intrusion dans leur monde intérieur. Les parents peuvent donc être confrontés à un adolescent qui va mal et qui refuse de rencontrer un spécialiste, psychologue ou psychiatre. Une des façons d’approcher les choses est sans doute de donner à l’adolescent la garantie, qu’après la ou les consultations destinées à évaluer les choses, il aura son mot à dire quant aux modalités de l’aide qui lui sera proposée, s’il y a besoin d’aide.
La pratique montre que la plupart des adolescents réticents, voire même opposés à la consultation psychologique, en accepte le principe si on leur laisse un espace de liberté quant aux suites de la consultation. La seule obligation est (serait) qu’il vienne à la première (ou aux 2 ou 3 consultations préliminaires, si le cadre de la consultation l’impose) et qu’ensuite il définisse lui-même en coopération avec le thérapeute le cadre du suivi psychologique (s’il y a lieu).