Notes sur l’insomnie pédiatrique
Notes sur l’insomnie pédiatrique
Ces notes ont été rassemblées par Reut Gruber
Mindell définit l’insomnie pédiatrique comme «une difficulté répétée avec l’initiation du sommeil, sa durée, sa consolidation ou sa qualité, qui survient bien que l’heure et l’occasion de s’endormir soient adaptées à l’âge de l’enfant, et qui conduit à son affaiblissement fonctionnel ou à celui de sa famille».
La recherche estime qu’entre un et six pour cent des enfants souffrent d’insomnie pédiatrique, et plus encore si l’on tient compte des enfants atteints de problèmes de développement ou de troubles médicaux ou psychiatriques chroniques. Plus de 50 p. cent des enfants et des adolescents ayant participé au sondage «Sleep in America» (Le sommeil aux États-Unis) ont déclaré avoir des difficultés à s’endormir ou à rester endormis pendant la semaine.
Des chercheurs ont identifié un type courant d’insomnie pédiatrique: l’association d’une activité obligatoire au début du sommeil. Il s’agit d’un type d’insomnie comportementale dans laquelle les enfants sont incapables de s’endormir sans associer une certaine activité telle que : regarder la télé ; se trouver à un certain endroit (p. ex., le lit des parents) ; tenir un certain objet (p. ex., jouet en peluche préféré).
Cette forme d’insomnie touche près de 10 à 30 p. cent des enfants, surtout les nourrissons et les bébés, et est rare au-delà de quatre ans. Les troubles du rythme circadien ; Le syndrome de retard de phase du sommeil (SRPS)
C’est un trouble du rythme circardien dans lequel les gens ont tendance à s’endormir très tard et à éprouver des difficultés à se réveiller le matin. Il touche entre 0,13 et 3 p. cent de la population, principalement les adolescents et les jeunes adultes. L’insomnie chronique est souvent liée au SRPS. Il est également lié à des problèmes psychiatriques et de personnalité, et comporte une importante composante génétique.
Le syndrome d’avance de phase du sommeil (SAPS)
C’est un trouble du sommeil dans lequel les gens ont tendance à s’endormir très tôt dans la soirée et à se réveiller très tôt le matin. Ce syndrome est rare chez les enfants et est généralement considéré comme un trouble touchant des personnes d’âge moyen.
Le syndrome hypernycthéméral (ou syndrome du libre cours)
C’est un trouble du sommeil caractérisé par une apparente absence de stabilité du rythme circadien (à la différence du SRPS ou du SAPS où le rythme est simplement en avance ou en retard). Il est commun chez les non-voyants, y compris les enfants. Il peut survenir chez des individus non atteints de cécité qui sont traités pour un SRPS ou chez des personnes privées de repères temporels tels que la lumière.
La dyskinésie (trouble du mouvement) associée au sommeil
Le syndrome des jambes sans repos
C’est un trouble dont on pensait qu’il touchait uniquement les adultes et qui se caractérise par un mouvement incessant des membres (habituellement les jambes) dans le but de réduire une sensation d’inconfort. Les chercheurs supposent qu’il touche aujourd’hui entre un et deux pour cent d’enfants et d’adolescents. Il est plus courant chez les femmes et est, en partie, d’origine génétique. Les enfants souffrant de TDAH sont particulièrement exposés à ce trouble.
Le trouble du mouvement involontaire des membres
Il se caractérise par un mouvement répété des membres pendant le sommeil, et particulièrement l’extension des jambes. Il est plus marqué au repos ou pendant le sommeil. Il est lié au syndrome des jambes sans repos mais n’est pas accompagné d’une sensation d’inconfort qui caractérise ce dernier.
Les parasomnies
Il s’agit d’une vaste catégorie de troubles du sommeil, le troisième plus commun chez les enfants après l’insomnie et les réveils nocturnes. Elles comprennent les cauchemars, le somnambulisme et le somniloquisme (parler dans son sommeil), le bruxisme nocturne (grincer des dents), l’énurésie nocturne (incontinence d’urine) et quelques troubles de mouvements. Elles sont principalement d’origine génétique et contrairement à l’adulte, elles sont liées à des facteurs développementaux plutôt que psychiatriques.
Les troubles respiratoires liés au sommeil
Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS)
C’est un trouble du sommeil commun chez les jeunes enfants, qui touche entre 2 et 3 p. cent de la population. Il est caractérisé par des épisodes répétés d’obstruction respiratoire provoquant des hypoxies (faibles niveaux d’oxygène), des hypercapnies (niveaux élevés de dioxyde de carbone) ou des éveils respiratoires. Le SAOS peut entraîner des problèmes de santé, y compris un ralentissement de la croissance, des problèmes neurocomportementaux et cardiovasculaires. Parmi les facteurs de risque figurent l’ascendance africaine, l’obésité, les problèmes de sinus et d’allergies, les antécédents familiaux de SAOS ou les naissances prématurées.
Le syndrome de résistance des voies aériennes supérieures
Il est caractérisé par des éveils respiratoires brefs mais récurrents semblables à ceux qui surviennent dans le SAOS mais sans apnées (arrêt respiratoire) ni hypopnées (baisse de l’amplitude respiratoire) pendant le sommeil. Il est difficile à diagnostiquer mais est associé à des problèmes neurocomportementaux tels que les difficultés d’apprentissage et le TDAH.
Le ronflement primaire persistant
C’est un ronflement habituel chez les enfants, souvent lié à des problèmes respiratoires qui, contrairement au SAOS ou au syndrome de résistance des voies aériennes supérieures, ne causent pas d’éveils. Il touche près de 27 p. cent des enfants, desquels près de 2 à 3 p. cent souffrent de SAOS de niveau clinique.
Les hypersomnies centrales
La narcolepsie
La narcolepsie est une hypersomnie rare qui provoque l’apparition du sommeil paradoxal (trouble caractérisé par une somnolence excessive) dont les symptômes incluent un sommeil soudain et inattendu, des hallucinations hypnagogiques (qui surviennent lors de la transition entre le sommeil et l’éveil), la cataplexie (perte soudaine de la tonicité musculaire), une paralysie du sommeil (trouble dans lequel les individus sont incapables de bouger pendant une courte période après leur réveil). Il est rare chez les enfants et débute généralement au cours de l’adolescence. Il existe deux types principaux de narcolepsie : avec ou sans cataplexie (perte brutale du tonus musculaire).
Le syndrome de Kleine-Levin
Ce trouble est caractérisé par une somnolence épisodique périodique accompagnée d’un appétit accru, d’une hypersexualité et de troubles comportementaux. Ce trouble rare survient au début de l’adolescence chez les femmes, soit plus tard et moins souvent que chez les hommes.
Syndrome d’insuffisance de sommeil comportemental
Bien qu’elle apparaisse la plupart du temps chez les adolescents, cette perte de sommeil due à des troubles comportementaux du sommeil tels qu’un comportement perturbateur ou une anxiété à l’idée de dormir, peut survenir à n’importe quel âge et touche indifféremment les hommes et les femmes.
Les troubles psychiatriques et le sommeil
L’équipe de recherche de Reut Gruber a constaté que le taux de ronflement, d’éveils nocturnes et d’inquiétude était plus élevé chez les enfants atteints de TDAH. Ces derniers présentent fréquemment une résistance au coucher, une initiation du sommeil plus tardive et des troubles respiratoires du sommeil.
Les enfants anxieux ou souffrant de troubles dépressifs font plus de cauchemars et ont souvent le sommeil agité. On constate plus spécifiquement un accroissement de la dépression infantile associé à un accroissement de l’insomnie, des réveils très matinaux et des problèmes à trouver le sommeil. Des problèmes semblables ont été fréquemment rapportés chez les enfants atteints de troubles du spectre autistiques (TSA).
En général, les problèmes comportementaux sont associés à une durée et à une latence (temps pour s’endormir) de sommeil anormales, et les troubles psychiatriques sont associés à une agitation du sommeil.