Problèmes d’endormissement et troubles du sommeil

Problèmes d’endormissement, troubles du sommeil

Notes à l’attention des parents

Quand l’heure du coucher devient interminable

Si vos enfants dorment mal ou pas suffisamment, il est à parier que votre propre sommeil écopera. Voici quelques pistes pour vous aider à gérer ces nuits tourmentées afin de ne pas y perdre la tête.

Les bonnes habitudes de sommeil s’apprennent. Elles ne sont pas innées chez les bébés. De façon générale, les enfants aux prises avec des problèmes de sommeil ont néanmoins des parents aimants et bienveillants. Ironiquement, ces mêmes sentiments se révèlent souvent les grands coupables : les parents, par désir de préserver le bienêtre de leur enfant, l’empêchent de bien dormir.

Le syndrome de rappel

L’heure du coucher est synonyme d’enfer pour bien des parents. Les demandes et les négociations semblent sans fin : encore une histoire, un petit verre d’eau, un autre pipi, un énième baiser, etc. Le parent finit par s’exaspérer et perdre patience ; l’enfant, lui, à pleurer. Ces tactiques employées par l’enfant pour retarder le moment de se mettre au lit se nomment le syndrome de rappel.

Quelle réaction adopter? D’abord, il est important de comprendre que le syndrome de rappel est un signe d’intelligence, de créativité, d’imagination. Plus l’imagination d’un enfant est grande, plus il saura user de subterfuges pour monopoliser l’attention de ses parents et retarder le dodo. Un rituel clair de préparation au sommeil sera votre premier allié.

La routine du dodo

Instaurer une telle routine marquera clairement la transition entre le jour et la nuit (valable aussi pour la sieste) et sécurisera l’enfant. Plus elle prend place tôt dans la vie de l’enfant, mieux il s’y adaptera. On peut commencer dès l’âge d’un an, même si c’est entre 2 et 4 ans que le rituel prend toute son importance. Celui-ci servira à réduire la stimulation et à privilégier plutôt la détente. Ce réflexe conditionné par la répétition de mêmes gestes et activités favorisera l’endormissement.

Il convient alors d’éviter toute activité qui surexcite l’enfant (bataille, chatouillis, etc.) puisqu’au lieu d’épuiser, ces jeux stimulent. La lecture, la discussion, les chansons sont donc des choix judicieux. Bon nombre de parents installent un coin lecture dans la chambre de l’enfant, ce qui aide ce dernier d’associer cette pièce à la tranquillité et, par conséquent, au sommeil. Et comme les mots doux apaisent, que les derniers mots qu’un parent prononce soient des mots d’amour ne peut qu’amener l’enfant à faire de beaux rêves.

Les négociations qui tournent en exaspération et en pleurs ne terminent pas une journée sur une note positive! La meilleure routine du dodo est celle qui permet de se coucher le cœur léger.

Les règles de base

Toute démarche éducative que nous adoptons avec nos enfants réussit mieux si certains principes sont respectés. Pour faire du rituel du coucher un moment agréable pour tout le monde, il convient de tenir compte des éléments suivants :

La routine du dodo étant primordiale, il est important de ne pas la bâcler. 15 à 20 minutes sont nécessaires afin d’éviter que l’enfant, conscient de l’empressement de ses parents, résiste tout de même à se mettre au lit.

Un horaire stable est essentiel. Plus les heures du souper, jeux, bain, rituel, dodo seront les mêmes d’un jour à l’autre, plus l’enfant aura de la facilité à anticiper la suite de façon positive.

L’horaire irrégulier des parents ne doit pas venir empiéter sur le rituel ni sur le temps de sommeil d’un enfant. Par exemple, si un des parents travaille tard un soir, il faut éviter de décaler le rituel ou de retarder la mise au lit pour attendre que celui-ci rentre à la maison. Cela stimulerait l’enfant à un moment où le retour au calme est à privilégier.

Les enfants, peu importe leur âge, comprennent plus qu’on ne le pense ce qu’on leur dit. Parlez-lui de vos attentes quant à son sommeil.

Le rituel doit avoir un commencement… et une fin! Excéder 30 minutes est inutile, voire nuisible. Une demi-heure suffit à trouver le calme nécessaire à l’endormissement.

Tout enfant imaginatif ne se conformera pas d’emblée à cette nouvelle routine. Il est fort probable qu’il testera votre autorité, qu’il tentera d’étirer le moment encore. Soyez clair et cohérent, et de préférence avant que la négociation n’ait lieu. C’est la dernière histoire… On chante une dernière chanson et, après, on se dit bonne nuit. On le borde, l’embarrasse, lui souhaite bonne nuit, éteint la lumière et sort. La « résistance » durera peut-être quelques jours, mais votre fermeté et votre constance le dissuaderont. Si la méthode ne donne aucune amélioration au bout de 3-4 jours, c’est qu’il faut la revoir.

Pour bien dormir, l’enfant doit être mis au lit éveillé. En étant habitué à s’endormir seul dans sa chambre, par lui-même, lorsqu’il se réveillera la nuit, il saura se rendormir sans vous.

Un enfant qui dort mal rend la vie difficile à ses parents. Vous avez besoin vous aussi d’un bon sommeil pour être en forme, car vos piles seront vite à plat si les problèmes de sommeil de votre enfant perdurent. Gardez en tête que la grande majorité de ces problèmes peut être résolue rapidement si on intervient correctement. Votre motivation et votre constance garantiront le succès des interventions et d’une vie familiale paisible. Ainsi, ce sera bientôt qu’un vague souvenir d’un épisode difficile.

Les terreurs nocturnes

Un autre état particulier du sommeil concerne les ter­reurs nocturnes. Elles se produisent généralement en début de nuit, une à deux heures environ après l’endormissement de l’enfant. Ce dernier est alors en sommeil lent. De façon générale une crise de ter­reurs nocturnes ressemble à ceci : l’enfant crie, pleure à l’occasion, s’assoit dans son lit, regarde fixement, se débat parfois, transpire beaucoup, res­pire de façon saccadée, son cœur bat rapidement. En fait, il semble apeuré et ensuite tout bonnement, il se couche et se rendort. Le lendemain, il ne se souvient de rien. Pour leur part, les parents se souvien­nent de façon très vivace de cette vision troublante de leur enfant en proie à une terreur nocturne.

Or, 5% des enfants vivent des terreurs nocturnes [1]. Celles-ci se produisent le plus souvent entre six mois et six ans et atteignent leur apogée entre trois et quatre ans. Les terreurs nocturnes se produisent plus fréquemment quand l’enfant est fatigué. Un enfant sujet aux terreurs nocturnes doit dormir suffisamment, surtout quand son horaire de sommeil risque d’être perturbé (voyage, vacances, etc.).

Lorsque les terreurs nocturnes se produisent chez un enfant de plus de six ans, on doit envisager cer­tains facteurs psychologiques. À cet âge, les terreurs noctur­nes peuvent être attribuables au stress ou à une expé­rience angoissante. Souvent, l’enfant réagit de façon normale durant le jour et la terreur nocturne est la seule manifestation d’un problème sous-jacent. Dans ce cas, l’intervention d’un thérapeute pourrait être bénéfique.

Comment réagir ? Tout comme pour le somnambu­lisme, il est conseillé de parler à l’enfant doucement et lente­ment, de lui caresser le bras ou le front, sans tou­tefois le réveiller ; cela peut l’aider à réintégrer un sommeil paisi­ble. Il est suggéré par ailleurs de lui chanter une berceuse, celle qu’il avait l’habitude d’entendre lorsqu’il était petit. Cela peut s’avérer suffi­sant pour le rassurer et lui permettre de retrou­ver un sommeil calme. Le plus sou­vent, l’enfant ne semble pas réagir à la présence d’une autre per­sonne. La meilleure attitude est d’attendre la fin de l’épisode en s’assurant que l’enfant ne se blesse pas, notamment s’il se débat beaucoup.

Les cauchemars (2)

Le cauchemar est un rêve dont le contenu est troublant ou angoissant. Il est défini comme trouble du sommeil, car il réveille celui qui en est sujet. Les cauchemars sont très fréquents chez les enfants.

La période de trois à six ans est celle où les cauche­mars font le plus fréquemment leur apparition. Or, plus l’enfant est jeune, plus il rêve souvent et long­temps. Les nouveaux nés, et en particulier les pré­maturés ont, en fait, les périodes de sommeil paradoxal (sommeil de rêves) les plus longues. Quelle que soit la durée totale de son temps de sommeil, le nouveau-né passe une grande partie en sommeil paradoxal, de 50 à 65% pour un total approximatif de neuf heures par jour. Pour un enfant de 2 à 5 ans, le temps de rêve s’abaisse à 25 ou 35% du temps de sommeil (environ deux heures et demie) ; l’enfant de 5 à 13 ans ne rêve plus que pen­dant 20 à 25% de son temps de sommeil (une heure et demie).

Nous ignorons si les périodes de sommeil paradoxal chez le bébé sont accompagnées d’une imagerie men­tale. Nous ne sommes pas en mesure de le vérifier. Cependant, dès l’âge de 1 an à 2 ans, des enfants rap­portent des rêves, ils sont donc susceptibles de faire également des mauvais rêves et des cauchemars. D’ailleurs, dans la majorité des cas, ils se souviennent davantage des rêves effrayants ou frustrants que des rêves agréables ou neutres. Il est facile de reconnaître un enfant qui vient de faire un cauchemar ; il s’éveille en sursaut, anxieux et peut être en pleurs. Il lui faudra du temps pour être ras­suré et comprendre que ce qui l’a effrayé dans son rêve ne s’est pas vraiment passé, qu’il ne s’agit que d’un mauvais rêve. Le contenu des cauchemars s’élabore généralement comme suit [2] : deux ans : peur d’être mordu, mangé ou atta­qué ; de trois à cinq ans : présence d’animaux puis­sants et méchants ; de six à 12 ans : figures humaines menaçantes, étrangers malveillants, bêtes étranges et dangereuses ; de 13 à 16 ans : des scénarios reflétant le rejet, le ridicule, le découragement, le manque d’estime de soi, l’emprise et même la dépression.

La fréquence des cauchemars décroît habituellement avec l’âge et les expériences sont peu à peu oubliées. Néanmoins, il est important de vous assu­rer que les histoires que vous racontez à votre enfant ou les vidéos qu’il visionne ne comportent pas de sujets potentielle­ment effrayants.

Comment réagir ? Chez le jeune enfant, les cauchemars représentent en général des peurs non contrôlées. Quand survient un cauchemar, la meilleure atti­tude est avant tout de le réconforter et le rassurer. Ensuite, faites-lui raconter son cauchemar, approuvez ses réactions et au besoin, inspectez sa cham­bre pour le rassurer. S’il a plus de cinq ans, il est possible de l’aider à distinguer le rêve de la réalité. Enfin, suggérez à votre enfant de faire appel aux pouvoirs magiques de ses héros pour lui porter secours dans ses rêves. Des histoires touchant le som­meil, disponibles en librairie, fournissent aux enfants des modèles à imiter pour apprivoiser le sommeil et sur­monter les menaces du cauchemar.

Chez les plus vieux, le cauchemar traduit parfois l’étape difficile de l’adolescence (bouleversement des premiers amours, intégration dans un groupe, etc.), met en évi­dence certains événements familiaux douloureux (séparation des parents, maladie d’un proche, alcoolisme ou violence familiale, etc.) ou encore est en lien avec les scénarios de violence visionnés à la télévision. La meilleure stratégie est de l’écouter et de l’aider à asso­cier les sentiments ressentis dans le rêve à une situa­tion de la vie éveillée qui suscite le même état affectif. Par exemple, s’il raconte avec horreur avoir vu en rêve quelqu’un se faire ravager le visage par un procédé quelconque et tout à coup perdre la face, vous pour­riez lui demander s’il vit présentement une situation qu’il qualifie d’horrible dans laquelle il semble perdre la face. En effet, les per­sonnages d’un rêve reflètent souvent une partie de soi.

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Notes

  • [1]↑– Gottlieb S. E. (1998). Les problèmes de sommeil des enfants, Éditions de L’Homme.
  • [2]↑– Gadeau L. (2017). Être parents aujourd’hui comment la psychologie peut vous aider au quotidien. Ed. In Press. Voir le chapitre 4.
  • 3 Garfield P. (1997). Comprendre les rêves de vos enfants, Marabout France.